Le vide et le plein

Qui me donnera ce qui me manque ?

L'ile mystérieuse-Illustration

« Gosse, j’aimais beaucoup L’Ile mystérieuse de Jules Verne et je comprends mieux maintenant pourquoi. Notre condition spirituelle ressemble à celle des naufragés du livre : ce dont on manque on doit le fabriquer ou le trouver soi-même. Vous aurez beau chercher chez vos meilleurs auteurs et chez les saints, cela précisément qui manque, vous ne le trouverez pas. Des encouragements, des provisions de route peut-être, mais c’est à vous de découvrir où vous allez et pourquoi. » Nicolas Bouvier, Le Vide et le Plein, Carnets du Japon

Croire que les autres ont ce dont on manque … c’est bien souvent cela qui nous fait prendre un certain nombre de décisions. C’est ainsi que nous allons engager notre vie avec un conjoint qui va, nous le croyons, nous apporter précisément ce dont nous manquons. C’est ainsi que nous allons chercher nos amis, nos partenaires professionnels, mais aussi ceux qui vont diriger nos pensées, nos idées, ce que nous croyons.

Remplis-moi, remplis-moi … je me sens si vide !

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Une de mes formatrices disait qu’il ne fallait s’associer pour un projet que si la somme des présences donnait un plus, une valeur ajoutée. Si l’association n’est là que pour combler les manques et calmer les peurs, alors elle court à sa perte (et à la perte des associés !).

Et il en est de même pour un couple ou une amitié : si j’aime être avec telle personne parce que sans elle je me sens perdue et défaillante, alors cela va très vite faire des dégâts. L’amour et l’amitié ne sont pas là pour combler des manques mais pour faire émerger du plus : c’est tellement mieux ensemble que chacun de son côté !

Et c’est bien sûr la même chose sur le plan philosophique, spirituel ou doctrinal. Les tragiques violences qui secouent notre monde actuellement sont là pour en témoigner : chaque fois que je laisse quelqu’un penser ou croire à ma place et combler mon manque, je deviens une marionnette mais une marionnette qui, dans certains cas, est drôlement dangereuse.

Accepter notre travail d’humain et découvrir le sens de notre vie

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J’aime cette pensée de Nicolas Bouvier. Elle nous ramène au fait que notre complétude spirituelle, psychique, physique ne peut en aucun cas dépendre des autres. C’est en nous que nous avons à la découvrir. C’est plus de travail et plus de chemin que de suivre aveuglement. Mais c’est notre travail d’humain. Celui qui va nous donner colonne vertébrale et direction. Ce qui n’empêche ni les encouragements ni les provisions de route !

Belle fin d’année !