Il y a quelques temps, je suis allée à une table ronde sur les indicateurs de bien-être et leur impact sur les politiques publiques. Indicateurs de bien-être. Formule étonnante et intéressante. Le bien-être se mesure. Mais qu’est-ce que le bien-être ? Que mesure-t-on quand on observe des indicateurs de bien-être ?

Qu’est-ce que c’est pour vous, le bien-être ?

Dans bien-être, il y a « être ». Est-ce que dire « bien-être » résonne différemment de dire « être bien » ? Comment entendez-vous l’un et l’autre ? On peut imaginer que, à quelques subtilités près, on ressent du bien-être quand on est bien.

Mais être bien c’est quoi ? Est-ce la même chose pour vous que pour moi ? Le bien-être c’est plutôt quand je suis bien ? ou quand je vais bien ? ou encore quand je me sens bien ? J’ai l’impression qu’il y a de nombreuses nuances dans tout cela.

A quoi sentez-vous que vous êtes bien ?

Dans mon atelier, j’aime demander à une personne qui me dit qu’elle est bien à quoi elle le ressent. Quelles sont les sensations physiques, psychiques, émotionnelles, qui font qu’elle peut dire « je suis bien » ? Ou alors, quelle forme ou quelle couleur ou quelle texture prend ce « je suis bien » ?

Imaginez : si vous aviez, maintenant, à exprimer sous forme plastique (dessin, peinture, collage, modelage) votre « je suis bien » de cet instant précis, à quoi ressemblerait-il ? (Vous pouvez d’ailleurs faire l’expérience réellement). Et si vous tentez la même expérience à un autre moment de la journée ou de la semaine, est-ce que votre « être bien » sera identique ?

En effet, d’une personne à l’autre, d’un moment à l’autre, être bien, éprouver la sensation de bien-être, diffère. Et parfois, je peux être bien dans des situations qui semblent complètement opposées l’une à l’autre : je peux être bien parce que j’ai chaud et que cette chaleur provoque de la détente et à un autre moment je peux être bien parce que je ressens de la fraîcheur et que cette fraîcheur me stimule. Je peux être bien parce que je suis entourée de gens que j’apprécie et je peux être bien parce que je savoure le fait d’être seule.

Il n’y a que moi qui peut savoir ce que j’éprouve

Ce qui est intéressant dans la question des indicateurs de bien-être, c’est que l’interrogation à propos de ces indicateurs invite chacun à prendre de la distance par rapport à son quotidien, à se regarder, s’observer, à pouvoir se demander « Dans quelle circonstance est-ce que j’éprouve du bien-être ? De quoi j’ai besoin pour me sentir bien ? » … et à apporter SA réponse.

Cela veut dire que je ne suis plus la cible de ceux qui me disent « pour être bien, il faut que tu aies ceci ou cela, que tu fasses ceci ou cela ». Et cela veut dire aussi que je deviens, par contraste, capable de reconnaître quand je vis du mal-être.

Je ne sais pas si c’est dans ce but que les politiques publiques veulent mesurer le bien-être des populations à travers des indicateurs mais le résultat d’une telle démarche a sans doute pour effet de bord de permettre à chacun de mieux se connaître et, par conséquent, de ne plus s’en laisser compter.

C’est une bonne nouvelle, non ?

Et vous, votre bien-être, vous le voyez comment ?