Formatée, moi ? Peut-être …

Le « beau » féminin calibré

beauté formatée

Ce matin j’ai lu l’article d’une illustratrice qui racontait ses mésaventures avec un éditeur qui lui avait refusé un dessin qu’il lui avait pourtant commandé parce qu’elle ne voulait pas le reformater (entendez : l’amincir) pour qu’il rentre dans les normes du socialement beau (c’était un corps de femme !) au mépris des caractéristiques de l’héroïne décrites par son auteure (des formes généreuses). Et elle remarquait à quel point les images participaient à véhiculer  des modèles uniques, très formatés.

Ce modèle unique ne se retrouve pas que dans la représentation des corps, mais aussi dans les représentations que nous nous faisons de la vie, de l’amour, des relations, du travail, du bonheur, de l’économie …

Les tribulations de l’animal social

loups en meute

Pour nous sentir intégrés, acceptés, pour appartenir, – à la  famille, au groupe d’amis, au milieu socio-professionnel, au cercle syndical, politique, religieux, philosophique, culturel, au clan … – nous sommes prêts à dépenser une énergie folle. Nous nous plions en quatre pour essayer de ressembler au modèle, pour rentrer dans le moule. Nous nous rognons les ailes, nous coupons tout ce qui dépasse. Et pour ne pas sentir que ça fait mal, nous nous anesthésions, nous nous éloignons de nos sensations, de nos ressentis. Nous oublions qu’ils sont notre boussole et nous acceptons de nous laisser diriger, aveuglément, par les injonctions à rentrer dans le cadre.

Saucissonnage, anesthésie et dysfonctionnement

Ça fait de beaucoup d’entre nous des êtres coupés entre le haut et le bas, des gens désincarnés, tout dans la tête, séparés de leur corps avec qui ils n’entretiennent plus qu’une relation mécanique. Des gens qui fonctionnent plutôt qu’ils ne vivent. Des gens qui, à certains moments, se mettent à dysfonctionner.

Qu’est-ce que le monde gagne à avoir des gens formatés ? Est-ce que cela ne fait pas le lit des intolérances, des intégrismes, des exclusivismes de tous poils mais aussi des malaises psychiques, des épuisements, des déprimes ?

Et si nous acceptions de grandir ?

Diversité

Est-ce que ce n’est pas de notre responsabilité personnelle, comme l’a fait cette illustratrice, d’accepter de dire non, chacun à sa façon, au formatage, au modèle unique ? 

Est-ce que ça ne commence pas par le fait d’accepter de ne plus nous laisser couper les ailes pour accueillir nos singularités, – nos formes, nos idées, nos pensées, nos sensations, nos convictions -, afin de les laisser se tisser, sans peur, avec celles des autres dans une diversité enrichissante et libératrice ? 

Et est-ce que cela ce n’est pas, tout simplement, grandir ?