Quel est mon paysage émotionnel ?

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Cette semaine, je laisse la plume à Anne-Lise Fillon, psychologue clinicienne, psychothérapeute et coach, qui nous invite, à partir de la métaphore des couleurs, à réfléchir sur nos émotions. En ces temps peu évidents ni sur le plan économique, ni sur le plan social, ni sur le plan politique, nos émotions sont souvent sollicitées. Les connaître, comprendre d’où elles viennent et en quoi elles peuvent nous être une aide si nous les reconnaissons est précieux. Bonne lecture !

Nos émotions : à l’image de la palette d’un peintre 

La base de notre paysage émotionnel est une palette d’émotions, comme la palette des couleurs du peintre. Au fil du de notre développement, différentes couleurs viennent composer notre palette.

Les émotions primaires, au nombre de six, existent dès la naissance, avant toute mentalisation : peur, tristesse, colère, joie, dégoût, surprise.

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Petit à petit, à partir de ces émotions primaires, dans les interactions avec l’environnement, notre palette s’enrichit des émotions secondaires.

Dans ces émotions secondaires, où la relation à autrui intervient, la pensée est très présente, sous la forme de jugement ou de comparaison (honte, peur du jugement, du rejet, culpabilité, jalousie…). Certaines émotions primaires se mélangent pour donner naissance à de nouvelles émotions. Par exemple, la déception est l’association de la colère et de la tristesse, le mépris de la colère et du dégoût, la pitié de la tristesse et du dégoût…

Une palette pleine de nuances

Pour poursuivre la métaphore avec les couleurs, la richesse de la palette émotionnelle est aussi fonction des différentes nuances qui la composent, du plus clair au plus foncé. Ainsi, la couleur « colère » s’échelonne de la simple impatience, à la rage en passant par l’agacement, l’irritation, l’énervement, l’indignation, l’exaspération, la furie.

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Notre paysage émotionnel est aussi fonction de la façon dont nos couleurs émotionnelles se positionnent sur notre palette. En effet, certaines couleurs ne sont pas appréciées par notre environnement et de ce fait, elles sont mises de côté. Elles risquent alors d’être recouvertes par une autre couleur dans un processus de « racket émotionnel ». Les deux exemples les plus courants issus des stéréotypes de la société sont le manque d’acceptation de la colère chez la petite fille et de la tristesse chez le petit garçon, qui conduiront souvent dans le premier cas à substituer la tristesse à la colère et inversement dans le second cas.

Notre rapport aux émotions est aussi conditionné par notre vécu douloureux des émotions de nos proches. Cette empreinte négative nous conduit à rejeter certaines émotions considérées alors comme toxiques. Les emportements colériques d’un parent construisent une représentation de la colère comme quelque chose de terrifiant, destructeur, insensé et ridiculisant. Vivre aux côté d’un parent dépressif incite à penser que la tristesse peut faire sombrer dans la dépression ou encore que son expression par des plaintes répétées est un poids pour l’entourage. Une autre conséquence possible est de réprimer sa joie, dont l’expression pourrait passer pour indécente face à autant de souffrance.

La force et l’intensité de notre paysage émotionnel

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Pour finir, après avoir exploré la palette des couleurs qui compose le paysage émotionnel, il reste à explorer comment les différentes couleurs de la palette se manifestent à travers deux caractéristiques principales. La première caractéristique est leur force. La force d’une émotion dépend de la durée et de l’intensité de ses manifestations physiques et mentales, propres à chacun. La deuxième est le mode. Il existe deux modes de vécu de l’émotion, le mode chaud pour un vécu physique et le mode froid pour un vécu mental, passant par les pensées et les mots.

Visiter mon paysage à moi

A partir de ce tour d’horizon du paysage émotionnel, plusieurs questions peuvent aider à décoder le sien :

  • Suis-je capable de percevoir et de reconnaître les émotions qui composent ma palette émotionnelle? Cette palette, est-elle complète ? Est-elle riche de nuances ?
  • Suis-je capable d’accepter mes émotions ? Est-ce que je n’aime pas certaines émotions ? Quels sont les jugements que je porte sur elles ?
  • Est-ce que je suis conditionné(e) à ne pas éprouver certaines émotions ? A remplacer certaines émotions par d’autres ?
  • Sur quel mode je vis mes émotions ? Avec quelle force se manifestent-t-elles ?

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