On l’a échappé belle !

Ne plus jamais oublier

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Après l’annonce des résultats de ce week-end, le discours est unanime : « On l’a échappé belle. Il faudra écouter ce qui s’est manifesté la semaine dernière. Ne pas oublier. Etre attentifs aux signes. Et changer pour que ça n’arrive plus. »

Discours que l’on entend dans de nombreux domaines de la vie. Collective et personnelle. Ainsi après un infarctus, un burn out, une dépression, une séparation, un cancer ou toute autre manifestation physique ou psychique : « On l’a échappé belle. Il faudra écouter ce qui s’est manifesté à ce moment-là. Ne pas oublier. Etre attentifs aux signes. Et changer pour que ça n’arrive plus ».

Se confronter à l’extrême …

sport extrême

Comme si l’humain, pour prendre la mesure de sa démesure devait toujours se confronter à l’extrême. Comme s’il fallait que l’extrême, et même l’extrémité parfois, se manifeste, pour que naisse un sursaut de conscience et de vie : « Ce n’est pas cela que je veux au fond. Ce que je veux vraiment, c’est … ». Et chacun, à ce moment-là, individuellement ou collectivement, sait bien ce qu’il veut essentiellement. Mais c’est comme si ce fondamental, cet essentiel, ne se donnait à voir que dans l’extrémité, quand ça risque de basculer vers là où, on s’en rend compte quand on est juste à côté, juste au bord, on ne veut surtout pas aller.

Quel drôle de processus que ce processus humain qui préfère la violence de l’extrême à la possibilité de prendre du recul avant, de se laisser rencontrer par les signes avant-coureurs et même … de faire en sorte qu’il n’y ait pas besoin de signes avant coureurs !

… après avoir joué à l’autruche

Autruche

Ne pas se donner l’occasion de voir, c’est une façon de ne pas se remettre en question. Nous avons tous tellement peur de nous voir tels que nous sommes, tels que nous fonctionnons, que nous préférons la politique de l’autruche, la tête dans le guidon et le fameux « toujours plus de la même chose », illusion du changement qui nous entraîne à pédaler jusqu’à … l’extrémité.

Finalement, sans doute que pratiquer cette fameuse politique de l’autruche couplée à celle du nez dans le guidon est une façon comme une autre d’oublier que nous sommes seulement des humains, finis, imparfaits, mortels et d’oublier la peur, pour ne pas dire l’angoisse, qui va avec.

Se brûler les ailes ou les déployer ?

La chute d'Icare

Alors, peut-être que pour réformer nos vies individuelles et collectives il nous serait bon de relire les grands mythes (par exemple celui d’Icard dans la Mythologie grecque ou, dans un autre corpus, celui de la Tour de Babel) pour voir qu’à nous prendre pour des dieux non seulement nous ne réglons pas le problème de l’angoisse existentielle, mais qu’en plus nous risquons de nous brûler les ailes …

Des ailes qui autrement pourraient nous servir à prendre notre envol si nous acceptions d’être seulement mais pleinement ce que nous sommes : des humains vraiment humains et, pour reprendre un titre de Christophe André, « Imparfaits, libres et heureux » avec soi-même et en relation avec les autres.