Le mouvement de la vie comme antidote à la haine ?

 

Trouver le mouvement à l’intérieur même de l’os …

Dans son livre Passagère du silence, l’artiste peintre Fabienne Verdier cite l’enseignement du maître chinois auprès duquel elle a passé de nombreuses années à découvrir la calligraphie : « Ton trait, là, ne va pas. Pense à un cheval, à l’os de son fémur. Essaie de représenter cet os par ton trait, avec sa moelle car, même à l’intérieur d’un os, il y a du mouvement. »

Ce passage fait écho en moi à mes expériences du mouvement dansé et chanté. Et, partant, à l’expérience de la vie.

… pour quitter les représentations qui nous enferment …

Il s’agit, là où l’on pourrait ne s’arrêter qu’à l’extérieur, – un trait, un geste, un son, une représentation -, de trouver le chemin pour aller capter le mouvement intime de la vie, au plus profond. Le mouvement de la moelle de l’os, de la respiration des cellules, de la fluidité des liquides …

Bouger, changer, peindre, écrire, vivre à partir de cet espace. A partir du cœur de la vie. Là, il n’y a plus de possibilité de poser des étiquettes, de mettre dans des cases qu’elles soient d’origine, de croyance, de genre, de classe, de type. Là, seul s’exprime ce qui est vivant.

… et découvrir l’espace dans lequel les vivants se rejoignent

Cela me rappelle une anecdote qui a participé à sa façon au combat contre le racisme : au tout début de la transfusion sanguine, les médecins, étonnés, se sont aperçus que le sang des personnes noires avait la même composition et la même couleur que celui des personnes blanches !

Aller découvrir, en soi, en l’autre, le profond et infime mouvement de la vie, cela peut sans doute être un antidote à bien des dérives sectaires et haineuses. C’est, assurément, plus que jamais notre responsabilité.