Les deux jours les plus importants de la vie

On se lève tous pour … ou pas !

Personnage cailloux 1

J’ai écouté récemment la conférence d’un jeune kenyan à laquelle il était arrivé une drôle de mésaventure. Fatigué par la corruption des hommes politiques de son pays et la répression qu’ils font subir à celles et ceux qui s’opposent à eux, il avait rassemblé autour de lui un groupe important de personnes qui en avaient comme lui assez. Ensemble, l’union faisant la force, ils avaient imaginé qu’au cours d’une manifestation publique dans un stade, à un moment précis, tous se lèveraient « comme un seul homme » pour manifester : ils seraient tellement nombreux qu’ils ne risqueraient rien. Au jour dit et au moment prévu, l’homme se lève pour manifester : il se retrouve … le seul homme debout, les autres ayant finalement renoncé. Il est arrêté, emprisonné, maltraité. Et cet homme qui, seul, a eu le courage d’aller au bout de ce qui l’animait dit, dans sa conférence, cette phrase que je trouve étonnement forte dans sa simplicité même : « Les deux jours les plus importants d’une vie, sont le jour où on est né et le jour où on comprend pourquoi on est né. »

Qu’est-ce qui fait que je me lève ?

Personnage cailloux 2

Cette découverte, qui est désormais devenue le moteur de son existence, fait pour moi écho à ce que dit Viktor Frankl (Nos raisons de vivre. A l’école du sens de la vie – InterEditions) sur le sens de la vie : ce qui meut l’humain, malgré des circonstances aussi dramatiques que, pour Frankl, les camps de concentration, pour le jeune kényan la prison et la torture,  c’est le sens que l’on donne à sa vie : c’est la possibilité de comprendre pourquoi on est né. Ce qui maintient l’humain dans l’immobilité, dans le vide, l’absurdité et la déprime, malgré des circonstances et des conditions de vie a priori positives, c’est l’absence de sens. C’est l’impossibilité de se questionner à propos de pourquoi on est né.

Il semble bien que d’un point de vue « biologique », il n’y ait pas de réponse, à ce jour, en terme de sens à la présence des humains sur terre. L’évolution des espèces d’une part, la rencontre entre un spermatozoïde et un ovule d’autre part, font que nous sommes au monde. Au mieux nous pouvons dire que nous sommes au monde à cause de l’amour de nos parents. Au pire nous pouvons dire que nous sommes au monde à cause de l’instinct de reproduction. Ou par erreur ou par violence. Nous pouvons trouver la cause. Mais pas le but. Pas le sens. Car il n’y a, a priori, ni but ni sens donné d’avance à la présence d’un être humain au monde.

La quête dont je suis le héros

La quête cailloux

La recherche du sens est une quête et la seule personne qui peut l’entreprendre c’est soi-même pour soi-même. Toutes les histoires de quête d’un graal que nous racontent les légendes, les mythes et les corpus religieux ne parlent que de ça ! Même pour celles et ceux qui croient en un « Autre qu’eux-mêmes », en une réalité plus vaste qui aurait une «  intention » pour eux ou pour le monde : cette relation particulière n’est vivante qu’en tant qu’elle vient donner du sens à leur vie et  éclairer leur existence. Cette intention ne s’incarne que dans la mesure où elle devient l’intention de chacun. Sinon cela risque de n’être qu’une relation intellectuelle, des principes dogmatiques ou au pire un embrigadement qui justifient mais ne fondent pas. Il y a pour moi une grande différence entre donner du sens à sa vie et trouver une justification à son existence.

Le deuxième jour le plus important de la vie

Trouver le sens de sa vie, comprendre pourquoi on est né, c’est sans doute la tâche fondamentale des humains que nous sommes. C’est ce qui nous distingue des autres êtres vivants. C’est ce qui fait que nous prenons notre part de responsabilité dans la marche de ce monde qui à la fois n’a pas besoin de nous et en même temps a complètement besoin de nous. C’est un réel processus d’incarnation et d’habitation de notre humanité !

Vous savez, nous savons, quel est le jour où nous sommes nés et c’est un jour tellement important que nous le célébrons chaque année, souvent avec des bougies à souffler ! Mais connaissons-nous le jour où nous avons enfin compris pourquoi nous étions nés ?