Une fois les cloches passées

Le sens du calendrier

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Nous vivons dans un environnement peu ritualisé. Pourtant, en nous indiquant les lunes et les saisons ainsi que les fêtes religieuses qui leur sont souvent associées, le calendrier (je fais référence là au calendrier occidental grégorien qui suit le mouvement du soleil et des saisons et les fêtes carillonnées d’origine plutôt chrétiennes), le calendrier, donc, nous invite à aller au-delà des dates pour passer du côté du sens.

Je peux accueillir les indications calendaires comme une information qui ne change pas grand chose à ma vie. Je peux les interroger d’un point de vue scientifique : à l’équinoxe ou au solstice, quelle est la place de telle planète par rapport à telle autre et quelle incidence en terme de météorologie, de marées, etc … cela peut-il avoir ? Je peux les interroger d’un point de vue « prédictif » : quand telle constellation apparaît dans le ciel à telle date, qu’est-ce que ça va avoir comme conséquence sur les gens ou sur l’état du monde ? Je peux aussi les questionner de façon symbolique c’est-à-dire en faisant se rencontrer deux réalités qui sont apparemment déconnectées l’une de l’autre et qui pourtant font sens quand on les met ensemble.

Du solstice d’hiver à Pâques : un fil à suivre …

Et dans cette vision-là du calendrier, un fil intéressant se déroule depuis le solstice d’hiver jusqu’à Pâques. Le 22 décembre, au moment du solstice d’hiver, la nuit est plus longue que le jour. Trois jours plus tard, nous fêtons Noël, le « jour de naissance » (du latin natalis). Et une naissance c’est le passage de l’ombre de l’utérus vers la lumière du jour. Une semaine plus tard, la nuit de la Saint-Sylvestre permet de passer d’une année à l’autre, de quitter l’ancien pour accueillir l’an nouveau.

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Ainsi, au cœur de la nuit de l’hiver, alors même que tout est sombre, froid, gelé au dehors, le calendrier nous offre l’assurance d’une naissance, d’un passage. Il nous atteste la promesse de quelque chose de neuf.

… dans la nature …

Et la promesse se réalise. Dans la nature qui s’anime dès la fin du mois de février. Dans la nature qui s’anime et qui bruisse jusqu’à cette nouvelle date du 20 mars. C’est l’équinoxe de printemps qui accorde un temps égal à la nuit et au jour. Et c’est à partir du printemps que se calcule la prochaine date qui m’intéresse sur le calendrier : Pâques. Un mot qui parle de « passage ». Une fête qui, dans notre culture, évoque un passage incroyable, inversé par rapport à ce que nous imaginons pour nos vies, le passage de la mort à la vie. Incroyable a priori vis-à-vis du mouvement de l’humain qui passe sur cette terre depuis sa naissance (la vie) jusqu’à la mort. Mais pas incroyable au regard de la nature qui chaque année « meurt » pendant l’hiver et « ressuscite », « revit », au printemps.

… et dans nos vies

"Résistance, Résurrection, Libération" - Marc Chagall

A travers cette période qui va du solstice d’hiver au dimanche de Pâques le calendrier, en faisant coïncider les cycles de la nature avec leur symbolisation dans la sphère du religieux, nous invite à observer autrement notre existence et notre psyché. Nous sommes conviés à découvrir comment, dans notre vie, tout se met en place pour nous permettre de nous relever (du latin resurgo qui a donné résurrection). 

A la façon des arbres ou de l’herbe qui se relèvent au printemps après avoir ployé sous la neige, le vent et le froid de l’hiver, nous sommes ainsi invités, par l’énergie et la symbolique de Pâques, à nous relever, quelles que soient les difficultés qui nous ont fait ployer. 

Qu’avons-nous envie, aujourd’hui, de laisser se relever, se lever, émerger dans nos existences, pour aller vers plus de vie ?