Le chant de l’eau …

Assise au bord de l’Isère, j’écoute l’eau qui coule à mes pieds. Comme une musicienne virtuose, elle sait, dans le même temps, s’appuyer sur une ligne de fond, – un roulement vif et soutenu -, l’ornementer de petits clapotis clairs et légers et, parfois, intégrer à sa chanson un motif original, lorsque l’eau vient rencontrer un obstacle.

Je laisse cette musique s’infiltrer en moi. Il est 13h. Le soleil haut dans le ciel brûle ma peau. Pourtant, le chant de l’eau m’apporte de la fraîcheur intérieure.

… et le bruit des pas

Puis, sur le chemin qui borde l’Isère, j’entends s’approcher un rythme lourd, marqué, tendu, que je ressens presque douloureusement.

C’est le pas d’un homme qui court dans la souffrance, son corps et son visage serrés et comme recroquevillés autour de sa course.

Des rythmes, des mouvements : comment chante ma vie ?

Je pense à ces mouvements qui nous traversent. A ceux qui, comme l’eau, s’en vont portés par le courant, dans une musique fluide aux rythmes variés. A ceux qui, comme la course de l’homme, sont rigides, pesants et monotones, tendus vers un but à atteindre à tout prix.

Moi, humaine constituée de 60 % d’eau et de pas mal d’autres liquides et fluides, est-ce que je ne suis pourtant pas le plus souvent tendue vers un objectif qui me rend pesante, rigide et monotone dans une course douloureuse au lieu de me laisser porter par un courant chantant, rafraîchissant, aux sonorités et aux rythmes variés ?

Retrouver le chant de la vie qui coule en nous

Retrouver le chant de l’eau, le chant de l’être en nous est l’invitation que je nous lance pour le mois de mai. En mai, fais ce qu’il te plaît ! Et s’il nous plaisait, enfin, de laisser chanter notre existence en suivant le courant de la vie qui coule en nous ?