Soigner sa souffrance pour soigner le monde

Soigne ta vie pour soigner le monde

Une oreille pour mon histoire

Voici ce que j’ai envie de vous partager ce matin : une histoire, racontée par Christiane Singer :

« Un vieil homme, Rabbi Charter, un rabbin new-yorkais, avait fondé un mouvement d’accompagnement des personnes âgées pour les aider à aller vers la délivrance. Il avait découvert le principe que « chacun a besoin d’un témoin ».

C’est-à-dire : toute une histoire de vie, si elle n’a pas trouvé de témoin, si elle n’a pas trouvé une oreille amicale où se déverser : on ne peut pas faire le pas … C’est trop terrible de ne pas être entendu dans son unicité, dans son expérience de vie, dans sa souffrance unique.

Tout le travail de Rabbi Charter était de créer des réseaux d’écoute et il racontait que parfois, une personne qui avait pu raconter sa vie, la déverser dans une oreille amicale, deux jours après, s’en allait librement. Alors que pendant des mois et des années la souffrance avait été sans fin, alors que cette personne était prête à passer, mais personne n’avait reçu son message. »

Que puis-je faire pour le monde ?

« Et le rabbin disait : « Vous voyez, je suis un très vieil homme et moi je vais faire bientôt le passage … Alors je me suis dit : qu’est-ce que je pourrais faire encore pour ce monde avant de partir ? Qu’est-ce que je peux encore faire de grand pour ce monde ? Je suis prêt à tout ! Je n’ai plus rien à défendre ! Je n’ai plus d’ego à faire fleurir ! Je n’ai plus de résultats à obtenir ! Mais qu’est-ce que je peux faire pour ce monde ? »

Et il s’endormait le soir avec cette prière : « Mon dieu, mon dieu, que me vienne l’idée de ce que je peux encore faire pour ce monde ».

Et soudainement une nuit, il entend cette phrase : « Si tu veux vraiment faire quelque chose pour ce monde, alors … ne laisse sur cette terre aucune trace de ta souffrance ».

Ne laisse sur cette terre aucune trace de ta souffrance. Alors il se dit : « Mais qu’est-ce que ça peut … Qu’est-ce que j’ai … Qu’est-ce que j’ai laissé comme trace ? J’ai l’impression d’avoir toute ma vie travailler à cette délivrance de mes ressentiments, de mes tristesses, de mes détresses de vie, elles étaient nombreuses. Qu’est-ce qu’il me reste … ? »

Ne laisse sur cette terre aucune trace de ta souffrance

« Et … subitement lui remonte la mémoire …

Il a quitté Vienne après … après la deuxième guerre mondiale atroce … après la Shoah. Il a quitté Vienne, et il se souvient qu’à Vienne – il a survécu à ce à quoi sa famille n’a pas survécu … Il se souvient qu’à Vienne à 12, 13 ans, il a été pris à partie par un groupe de jeunes nazis, et … lapidé … et laissé pour mort dans son sang sur un pont de la ville.

Il se souvient de cela.

Et il se dit : « Mais bon dieu, cet enfant qui était là, dans … dans son sang … je ne suis jamais allé le prendre dans mes bras … ».

« Et c’est pourquoi je suis revenu faire le voyage à Vienne, et ce matin, – il était invité par l’université – ce matin avant que la ville ne s’éveille, je suis allé tout seul dans cette ville déserte vers le pont. Je suis arrivé là. Et il m’attendait… Alors je l’ai pris par la main et je lui ai dit : « Viens ! Viens, viens … Je t’intègre, je te prends ». Et maintenant sur cette terre, dans cette ville, il n’y a plus la moindre trace de souffrance du vieux Charter ». 

Christiane Singer et Laurent Brouazin, Choisis la vie et tu vivras

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>